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Mercredi 30 octobre 2013


Exercice de Compréhension Écrite niveau B1

Trouvez les réponses demain!

Créer sa propre entreprise


Vous souhaitez créer votre entreprise, mais n'avez pas encore trouvé l'IDÉE ?  Lisez le texte qui suit, faites les exercices et, si vous avez bien compris, vous pouvez vous lancer dans un nouveau projet !

Comment trouver une bonne idée pour créer une entreprise?
Être son propre patron est l’un des souhaits les plus forts des gens en général. Passer du statut de salarié à chef d’entreprise nécessite tout d’abord de trouver une idée, cette fameuse idée qui répondra à un besoin et qui sera suffisamment innovante et tendance pour créer de l’engouement et donc, des ventes.
Un employé souhaitant devenir entrepreneur aura généralement deux solutions, soit se lancer complètement dans la création d’une entreprise en quittant son emploi, soit démarrer plus progressivement en conservant son emploi tout en développant, durant son temps libre, sa nouvelle activité.  Le choix dépendra de l’idée et du temps nécessaire à investir pour assurer l’amorçage.
Cet article vous présentera quelques méthodes pour trouver plus facilement votre prochaine grande idée.

Adoptez la bonne attitude

Tout d’abord, vous devez adopter une attitude propice à la recherche d’une idée. Pour cela, il faut développer au mieux votre capacité d’observationvotre critique et votre ouverture d’esprit.
L’observation est très importante ! En observant votre environnement vous allez pouvoir identifier les problèmes existants et la raison pour laquelle ils existent. L’observation se développe progressivement, en ayant conscience que vous êtes en recherche d’idée, votre écoute sera plus fine et instinctivement, cela deviendra une habitude.
Ainsi, lors d’une soirée entre amis, vous pourriez très bien noter dans un coin de votre tête, une petite critique négative d’un de vos amis sur une entreprise, et vous pourriez avoir la bonne idée de résoudre ce problème à travers un nouveau concept d’entreprise.
Vous devez avoir l’esprit critique pour remettre en question ce qui existe déjà, ceci afin d’identifier d’éventuelles pistes d’amélioration pour améliorer votre vie et celle des autres.
A titre d’exemple, lorsque vous devez vous rendre chez le médecin, vous devez appeler pour connaitre ses disponibilités et éventuellement attendre 2 mois avant d’obtenir le fameux rendez-vous. On pourrait améliorer cela en proposant un agenda en ligne qui permettrait aux consommateurs de vérifier les disponibilités d’un médecin sans nécessairement l’appeler. Et pourquoi pas, prendre rendez-vous directement sur cet agenda en ligne? Cette idée existe aux Etats-Unis mais elle est encore très peu développée ici.
Enfin, soyez ouvert d’esprit ! Ce qui vous permettra d’être ouvert à la rencontre de nombreuses personnes que vous pouvez croiser chaque jour. Ces personnes partageront forcément de petits moments de leur vie avec vous et cela va vous enrichir. Vous aurez alors une compréhension plus large de l’environnement qui vous entoure et pourrez ainsi développer davantage votre inspiration.
Consultez le site Le Manager Urbain pour continuer la lecture de l'article. 
Auteur: Marc de Zordo

Exercice 1:Lisez l’article et choisissez la bonne réponse.
Cet article s’adresse...
Dans cet article, l’auteur...
Dans cet article, l’auteur...
La méthode globale proposée est constituée de...

Exercice 2: Remettez les différentes étapes dans l’ordre dans lequel elles apparaissent dans le texte.


1. Élargissement des contacts professionnels. 
2. Développement des capacités permettant de mieux trouver des idées. 
3. Recherche de collaborateurs qui aident à la mise en place du projet.
4. Analyse d’exemples réalisés à l’étranger dans le but de les adapter. 

Exercice 3: Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses.
En général, tout le monde souhaite devenir chef d’entreprise.
Pour créer sa propre entreprise, il faut penser à plusieurs possibilités qui pourraient fonctionner.
Dès qu’on trouve une bonne idée, il faut quitter son emploi et se lancer au nouveau projet.
Pour adopter la bonne attitude , il faut se fier à son intuition.
Si l’entreprise fonctionne à l’étranger, vous devez l’adapter aux besoins du marché de votre pays.
Il vaut mieux travailler en équipe car il est difficile qu’une seule personne possède toutes les compétences nécessaires pour créer une entreprise.
L’élargissement du réseau professionnel facilite la connaissance de personnes qui pourront un jour vous être utiles.
MonPetitBiz.fr est un magazine qui aide les gens à trouver un emploi dans le domaine de la téléphonie, les technologies, la restauration, la mode ou l’automobile.

Mercredi 8 octobre 2013



Une spectaculaire frise Maya découverte au Guatemala

C'est en pénétrant dans un tunnel creusé par des pillards que les archéologues ont découvert cette sculpture datant de 590 de notre ère.


Une frise en stuc longue de 8 mètres sur 2 mètres de hauteur a été découverte enfouie sous une pyramide du site archéologique de Homul, dans le département du Péten, à environ 600 km de Guatemala City, la capitale du pays. AFPUne frise en stuc longue de 8 mètres sur 2 mètres de hauteur a été découverte enfouie sous une pyramide du site archéologique de Homul, dans le département du Péten, à environ 600 km de Guatemala City, la capitale du pays. AFP


Une frise en stuc longue de 8 mètres sur 2 mètres de hauteur a été 
découverte enfouie sous une pyramide du site archéologique de Holmul, 
dans le département du Péten, à environ 600 km de Guatemala City, la capitale
du pays.
Le point rouge matérialise la position du site archéologique.

Parfaitement conservée, elle présente les portraits de trois dignitaires mayas
 jusque-là inconnus,revêtus de riches atours de plumes de quetzal (l'oiseau 
national du Guatemala) et de bijoux de jade. Le personnage central est assis,
 jambes croisées, au sommet d’une colline. Une inscription hiéroglyphique cite
le nom d’Och Chan Yopaat.

 La sculpture dont les couleurs d’origine ont été merveilleusement conservées, 
est colorée en rouge, avec des détails réalisés en bleu, jaune et vert.  « C'est 
l'une des choses les plus fabuleuses que j'ai jamais vue», a déclaré l'archéologue
 Francisco Estrada-Belli, le responsable du projet archéologique Holmul.

Francisco Estrada-Belli le responsable du projet archéologique Holmul.

C’est en creusant un tunnel abandonné par des pillards, que les archéologues 
sont tombés sur ce trésor archéologique.
 L'archéologue Anya Shetler travaille à nettoyer la frise.
Selon les spécialistes, la sculpture représente le couronnement d’un roi maya.
 Celui d’Och Chan Yopaat cité plus haut ? La section du temple sur laquelle se 
trouve la frise daterait de 590 de notre ère. Soit l’époque où s’affrontaient dans
 des luttes de pouvoir, les deux grandes cités de Tikal et Kaanul.
Un détail de la frise
Une sépulture a également été mise au jour à l’intérieur de la pyramide. Le défunt
avait les dents sertis de perles de jade, comme il était souvent de coutume parmi
l’élite Maya de la période Classique. Grand critère de beauté, ces incrustations 
réalisées au moment de  l'adolescence correspondaient à des rites de passage
à l’âge adulte, témoignage chez les individus de leur capacité à tolérer la douleur.
 Le corps était également entouré d’une grande quantité de céramiques ornées 
des divinités de l’inframonde, l’enfer des Maya.

Bernadette Arnaud, Sciences et Avenir, 8/06/2013


Lundi 10 octobre 2011



La longue marche des Indiens boliviens bientôt à La Paz

Par Reza Nourmamode

Ils ne sont plus qu’à une centaine de kilomètres de La Paz. Un millier d'Indiens boliviens ont entamé le 15 août dernier une longue marche de 600 km jusqu'à La Paz pour faire annuler la construction d'une route qui doit traverser le territoire indigène Isiboro Sécuré (Tipnis), qui est également une immense réserve naturelle en pleine Amazonie. Leur objectif : se réunir avec Evo Morales qu’ils accusent de traître à la cause indigène, et l’obliger à modifier son projet routier.

Il ne leur reste qu’une montagne à franchir. Désormais aux pieds de la Cordillère des Andes, les Indiens de l’Amazonie bolivienne n’entendent pas flancher et comptent bien rallier La Paz, à 3 600 mètres d’altitude, d’ici une petite semaine.
Pour la plupart vêtus de bermudas en toile et de sandales en plastique, ils avancent environ une vingtaine de kilomètres par jour et en ont déjà parcouru environ 500 depuis la ville amazonienne de Trinidad, au nord-est du pays. « J’ai des ampoules plein les pieds, je suis fatiguée et le fait de monter est difficile pour mon cœur, mais j’ai encore beaucoup de courage pour arriver jusqu’au bout », raconte ainsi Maria.



Organisations indigènes et syndicales du pays soutiennent les marcheurs
Chaque nuit, ils campent là où les autorités des villages d’étape le leur permettent, généralement sur le terrain de foot municipal et cherchent immédiatement un point d’eau potable. Les organisations indigènes et syndicales du pays leur font aussi parvenir quelques vivres et les fournissent en tentes, couvertures et médicaments.
Car la marche a lieu en famille. Femmes, enfants et personnes âgées font partie du cortège et assument la dureté du défi, comme Julia, 24 ans, enceinte et accompagnée de ses trois enfants : « si je dois donner naissance pendant la marche, je le ferai ».
Car si la route traverse le Tipnis, craignent les indigènes, cela signifiera la fin de leur mode de vie ancestral, fait de chasse, de pêche, de cueillette et de culture de manioc ou encore de riz.
Comme ses compagnons marcheurs, Julia a donc aussi du se résigner à abandonner provisoirement ses cultures : « Le mois d’août c’était justement l’époque des semis. Or nous étions déjà en train de marcher et ça nous porte préjudice. Mais finalement, nous n’allons pas mourir si nous passons une année sans riz, nous et nos enfants. Ce que nous voulons c’est que le gouvernement respecte notre droit, car ça, c’est pour toute la vie ». Le 25 septembre dernier, une violente intervention policière s’abat sur leur campement à Yucumo, dans la région du Beni. La répression fait plusieurs dizaines de blessés et disperse un temps la marche. Maria est encore traumatisée : « Ils nous ont frappés sans retenue et nous ont aspergé de gaz lacrymogène. Je n’aurais jamais cru ça de la part de ce gouvernement ».

Elan de sympathie en Bolivie pour la marche des Indiens
Mais la charge des forces de l’ordre génère également un mouvement national de sympathie envers les marcheurs et de colère envers le gouvernement d’Evo Morales, lui-même amérindien et élu sur un programme de défense des droits indigènes. Jenny Suarez, dirigeante de la marche, s’estime trahie : « Nous avons donné notre vote, non pas au président Evo, mais à un processus de changement. Nous pensions qu’avec un gouvernement indigène, les peuples indigènes allaient être renforcés. Mais nous nous sommes trompés en accordant notre vote ».
Malgré le coût politique croissant du conflit, le président Morales continue à défendre le projet routier au nom du développement et accuse les marcheurs d’être manipulés par l’opposition. Ses partisans ont annoncé la tenue d’une manifestation de soutien à la politique du gouvernement mercredi prochain, soit peu avant l’arrivée programmée des marcheurs indiens à La Paz.

Extrait de: http://www.rfi.fr/ameriques/20111010-longue-marche-indiens-boliviens-bientot-paz?ns_campaign=editorial&ns_mchannel=reseaux_sociaux&ns_source=FB&ns_linkname=20111010_longue_marche_indiens_boliviens_bientot_paz&ns_fee=0


Vendredi 16 septembre 2011


Nous vous proposons un conte africain.

L'ARBRE QUI VOULAIT RESTER NU


Il était une fois un arbre. Au beau milieu d’un verger, il était sorti de terre, petite pousse verte et fragile se confondant avec les herbes alentours. Curieux de tout, il regarda bien vite le monde qui l’entourait, les fleurs qui s’ouvraient le matin et se refermaient le soir, les oiseaux qui sifflaient en sautant de branche en branche, le paysan qui venait tôt le matin cueillir les fruits des arbres, les graminées qui ondulaient sous la caresse des vents...



Ah !, il le trouvait beau ce monde autour de lui, il avait envie lui aussi de participer à cette beauté, de trouver sa place dans cette harmonie.





Une année s’écoula et, ayant grandi, il était devenu un petit rameau portant quelques tiges. Il se rendit compte qu’il n’était pas un brin d’herbe comme il l’avait crû tout d’abord, mais un arbre et se mit à observer plus attentivement ses aînés.

Il les trouvait si grands, si beaux recouverts de leurs feuilles et de leurs fleurs ; il fût si émerveillé de voir toutes ces fleurs se transformer en fruits, il fût si attendri des soins attentifs que leur apportait le paysan, mais...

Mais, se regardant, il s’aperçut que son écorce ne ressemblait à aucune de celles qui les habillait, que ses branches n’avaient pas la même forme que les leurs. Alors, il eût peur, peur de n’être pas assez grand, peur de n’être pas assez beau, peur de ne pas porter assez de fruits, il eût peur que les autres, pommiers, poiriers, mirabelliers... n’acceptent pas sa différence et il décida de ne produire ni feuille, ni fleur, ni fruit.

C’est ainsi que les années passèrent, à chaque printemps, son tronc s’épaississait, s’allongeait, de nouvelles branches poussaient, mais... ni feuille, ni fleur, ni fruit.

Pour ne pas se trouver nu face aux autres, il s’était depuis son jeune âge laissé peu à peu recouvrir par un lierre grimpant, par des liserons et par des bouquets de gui : ne sachant à quoi il pourrait ressembler, il se couvrait d’une beauté qui n’était pas la sienne.

Le jardinier plus d’une fois projeta de le couper pour en faire du bois de chauffage, mais trop occupé par ailleurs, il remit chaque fois cette tâche à plus tard. Un matin pourtant il vint, armé d’une grande hache et commença par couper le lierre qui enserrait l’arbre. Du lierre, il y en avait tellement que cela lui prit toute la journée et qu’une fois de plus, il remit l’abattage à plus tard. Cette nuit là, un petit ver parasite piqua le liseron qui en mourut aussitôt et le lendemain, les oiseaux du ciel apercevant le gui vinrent le picorer.

Il ne restait plus de l’arbre au milieu du verger qu’un tronc et des branches : il ne restait plus que l’arbre au milieu du verger.

S’apercevant soudain de sa nudité et ne sachant par quel artifice la couvrir, il se décida enfin à laisser pousser tout au long de ses branches de belles petites feuilles d’un vert tendre, à laisser éclore au bout de chaque rameau de mignonnes petites fleurs blanches contrastant joliment avec le brun de la ramure et le vert du feuillage

Le paysan sur ces entrefaites revint avec sa hache et découvrant à la place du tronc inutile un magnifique cerisier, ne trouva plus aucune raison de le couper. Il le laissa donc, trop heureux du miracle qui s’était produit.

Depuis ce jour, l’arbre vit heureux au milieu du verger, il n’est pas comme les autres, ni plus beau, ni plus grand, mais tout aussi utile. Il a compris que ni la texture de l’écorce, ni le tracé des branches, ni la forme des feuilles, ni la couleur des fleurs n’ont d’importance : seuls importent les fruits qu’il porte et que nul autre que lui ne peut porter.

Aussi, tous les ans, à la belle saison, les enfants du paysan viennent avec une échelle et, s’éparpillant dans sa ramure, se gavent de ses fruits et le réjouissent par leurs rires.

N’ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter, car nul autre ne pourra les porter pour nous, mais chacun pourra s’en nourrir. N’ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter.

Car chaque fois que nous les refuserons, il manquera quelque-chose dans le monde ; n’ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter, car chacun d’eux permettra de faire grandir la Vie et l’Amour que Dieu nous a donnés.


Extrait de: http://www.contesafricains.com/article.php3?id_article=17&Valider=Afficher+le+conte


Mardi 6 septembre 2011


TROIS POÈMES DE CLAUDETTE GRAVEL
L'éveil

L'éveil à ce que je suis
À ce que je sens
Après un long sommeil hanté de rêves
Je sors doucement des nues
Et je goûte à la lumière
Qui me découvre à moi-même
J'étais une rivière qui dormait dans son lit
Mais la rivière trouve toujours le fleuve
Je suis un fleuve
J'explore mes méandres
Et bientôt je me jetterai dans la mer
Immense 
Infinie




Renouvellement

Fond de mer
Imaginaire
Où je m'avachis
Me désintègre
Quand ma réalité
Devient insupportable
Je redeviens lumière originelle
Unie à la Source de toutes espèces
Je retrouve mon énergie première
Purifiée par l'eau
Un être nouveau se forme
Prêt à reprendre l'aventure
Et je remonte doucement
À la surface

Sérénité 

Je suis comme un étang
Immobile
Pour la première fois j'accepte d'écouter le vent
Silencieuse, en attente
Après avoir été torrent
Emportant tout sur son passage
Quelques êtres y ont trouvé le courage pour l'envol
D'autres s'y sont fait tant bousculer
Qu'ils se sont accrochés à la première racine trouvée
Et sont restés là, éberlués, n'osant plus avancer
Quelle paix maintenant
Je me sens plus consciente, curieuse, ouverte
Et je reçois ce que la vie me donne
Avec gratitude


Extraits de: http://projects.chass.utoronto.ca/palimpseste/poemes/po_claudette.htm


Lundi 15 août 2011


DEUX AMIS
Guy de Maupassant



    Paris était bloqué, affamé et râlant. Les moineaux se faisaient bien rares sur les toits, et les égouts se dépeuplaient. On mangeait n'importe quoi.

    Comme il se promenait tristement par un clair matin de janvier le long du boulevard extérieur, les mains dans les poches de sa culotte d'uniforme et le ventre vide, M. Morissot, horloger de son état et pantouflard par occasion, s'arrêta net devant un confrère qu'il reconnut pour un ami. C'était M. Sauvage, une connaissance du bord de l'eau.

    Chaque dimanche, avant la guerre, Morissot partait dès l'aurore, une canne en bambou d'une main, une boîte en fer-blanc sur le dos. Il prenait le chemin de fer d'Argenteuil, descendait à Colombes, puis gagnait à pied l'île Marante. A peine arrivé en ce lieu de ses rêves, il se mettait à pêcher ; il pêchait jusqu'à la nuit.

    Chaque dimanche, il rencontrait là un petit homme replet et jovial, M. Sauvage, mercier, rue Notre-Dame-de-Lorette, autre pêcheur fanatique. Ils passaient souvent une demi-journée côte à côte, la ligne à la main et les pieds ballants au-dessus du courant ; et ils s'étaient pris d'amitié l'un pour l'autre.

    En certains jours, ils ne parlaient pas. Quelquefois ils causaient ; mais ils s'entendaient admirablement sans rien dire, ayant des goûts semblables et des sensations identiques.

    Au printemps, le matin, vers dix heures, quand le soleil rajeuni faisait flotter sur le fleuve tranquille cette petite buée qui coule avec l'eau, et versait dans le dos des deux enragés pêcheurs une bonne chaleur de saison nouvelle, Morissot parfois disait à son voisin: "Hein ! quelle douceur!" et M. Sauvage répondait : "Je ne connais rien de meilleur". Et cela leur suffisait pour se comprendre et s'estimer.

    A l'automne, vers la fin du jour, quand le ciel, ensanglanté par le soleil couchant, jetait dans l'eau des figures de nuages écarlates, empourprait le fleuve entier, enflammait l'horizon, faisait rouge comme du feu entre les deux amis, et dorait les arbres roussis déjà, frémissants d'un frisson d'hiver, M. Sauvage regardait en souriant Morissot et prononçait : "Quel spectacle !" Et Morissot émerveillait répondait, sans quitter des yeux son flotteur : "Cela vaut mieux que le boulevard, hein !"

    Dès qu'ils se furent reconnus, ils se serrèrent les mains énergiquement, tout émus de se retrouver en des circonstances si différentes. M. Sauvage, poussant un soupir, murmura : "En voilà des événements !" Morissot, très morne, gémit : "Et quel temps ! C'est aujourd'hui le premier beau jour de l'année."

    Le ciel était, en effet, tout bleu et plein de lumière.

    Ils se mirent à marcher côte à côte, rêveurs et tristes, Morissot reprit : "Et la pêche ? hein ! quel bon souvenir !"
    M. Sauvage demanda : "Quand y retournerons-nous ?"
    Ils entrèrent dans un petit café et burent ensemble une absinthe ; puis ils se remirent à se promener sur les trottoirs.
    Morissot s'arrêta soudain : "Une seconde verte, hein ?" M. Sauvage y consentit : "A votre disposition." Et ils pénétrèrent chez un autre marchand de vins.
    Ils étaient fort étourdis en sortant, troublés comme des gens à jeun dont le ventre est plein d'alcool. Il faisait doux. Une brise caressante leur chatouillait le visage; M. Sauvage, que l'air tiède achevait de griser, s'arrêta: "Si on y allait ?"
    - Où ça ?
    - A la pêche, donc.
    - Mais où ?
    - Mais à notre île. Les avant-postes français sont auprès de Colombes. Je connais le colonel Dumoulin ; on nous laissera passer facilement."
    Morissot frémit de désir : "C'est dit. J'en suis." Et ils se séparèrent pour prendre leurs instruments.
    Une heure après, ils marchaient côte à côte, sur la grand'route. Puis ils gagnèrent la villa qu'occupait le colonel. Il sourit de leur demande et consentit à leur fantaisie. Ils se remirent en marche, munis d'un laissez-passer.
    Bientôt ils franchirent les avant-postes, traversèrent Colombes abandonné, et se retrouvèrent au bord des petits champs de vigne qui descendent vers la Seine. Il était environ onze heures.
    En face, le village d'Argenteuil semblait mort. Les hauteurs d'Orgemont et de Sannois dominaient tout le pays. La grande plaine qui va jusqu'à Nanterre était vide, toute vide, avec ses cerisiers nus et ses terres grises.
    M. Sauvage, montrant du doigt les sommets, murmura : "Les Prussiens sont là-haut !" Et une inquiétude paralysait les deux amis devant ce pays désert.
    Les Prussiens ! Ils n'en avaient jamais aperçu mais il les sentaient là depuis des mois, autour de Paris, ruinant la France, pillant, massacrant, affamant, invisibles et tout-puissants. Et une sorte de terreur superstitieuse s'ajoutait à la haine qu'ils avaient pour ce peuple inconnu et victorieux.
    Morissot balbutia : "Hein ! si nous allions en rencontrer ?"
    M. Sauvage répondit, avec cette gouaillerie parisienne reparaissant malgré tout : "Nous leur offririons une friture."
    Mais ils hésitaient à s'aventurer dans la campagne, intimidés par le silence de tout l'horizon.
    A la fin, M. Sauvage se décida : "Allons, en route ! mais avec précaution." Et ils descendirent dans un champ de vigne, courbés en deux, rampant, profitant des buissons pour se couvrir, l'oeil inquiet, l'oreille tendue.
    Une bande de terre nue restait à traverser pour gagner le bord du fleuve. Ils se mirent à courir ; et dès qu'ils eurent atteint la berge, ils se blottirent dans les roseaux secs.

    Morissot colla sa joue par terre pour écouter si on ne marchait pas dans les environs. Il n'entendit rien. Ils étaient bien seuls, tout seuls.
    Ils se rassurèrent et se mirent à pêcher.
    En face d'eux, l'île Marante abandonnée les cachait à l'autre berge. La petite maison du restaurant était close, semblait délaissée depuis des années.
    M. Sauvage prit le premier goujon. Morissot attrapa le second, et d'instant en instant ils levaient leurs lignes avec une petite bête argentée frétillant au bout du fil ; une vraie pêche miraculeuse.
    Ils introduisaient délicatement les poissons dans une poche de filet à mailles très serrées, qui trempait à leurs pieds, et une joie délicieuse les pénétrait, cette joie qui vous saisit quand on retrouve un plaisir aimé dont on est privé depuis longtemps.
    Le bon soleil leur coulait sa chaleur entre les épaules ; ils n'écoutaient plus rien ; ils ne pensaient plus à rien ; ils ignoraient le reste du monde ; ils pêchaient.
    Mais soudain un bruit sourd qui semblait venir de sous terre fit trembler le sol. Le canon se remettait à tonner.
    Morissot tourna la tête, et par-dessus la berge il aperçut, là-bas, sur la gauche, la grande silhouette du Mont-Valérien, qui portait au front une aigrette blanche, une buée de poudre qu'il venait de cracher.
    Et aussitôt un second jet de fumée partit du sommet de la forteresse ; et quelques instants après une nouvelle détonation gronda.
    Puis d'autres suivirent, et de moment en moment, la montagne jetait son haleine de mort, soufflait ses vapeurs laiteuses qui s'élevaient lentement dans le ciel calme, faisaient un nuage au-dessus d'elle.
    M. Sauvage haussa les épaules : "Voilà qu'ils recommencent", dit-il.
    Morissot, qui regardait anxieusement plonger coup sur coup la plume de son flotteur, fut pris soudain d'une colère d'homme paisible contre ces enragés qui se battaient ainsi, et il grommela : "Faut-il être stupide pour se tuer comme ça !"
    M. Sauvage reprit : "C'est pis que des bêtes."
    Et Morissot qui venait de saisir une ablette, déclara : "Et dire que ce sera toujours ainsi tant qu'il y aura des gouvernements."
    M. Sauvage l'arrêta : "La République n'aurait pas déclaré la guerre..."
    Morissot l'interrompit : "Avec les rois on a la guerre au dehors ; avec la République on a la guerre au dedans."
    Et tranquillement ils se mirent à discuter, débrouillant les grands problèmes politiques avec une raison saine d'hommes doux et bornés, tombant d'accord sur ce point, qu'on ne serait jamais libres. Et le Mont-Valérien tonnait sans repos, démolissant à coups de boulet des maisons françaises, broyant des vies, écrasant des êtres, mettant fin à bien des rêves; à bien des joies attendues, à bien des bonheurs espérés, ouvrant en des coeurs de femmes, en des coeurs de filles, en des coeurs de mères, là-bas, en d'autres pays, des souffrances qui ne finiraient plus.
    "C'est la vie", déclara M. Sauvage.
    "Dites plutôt que c'est la mort", reprit en riant Morissot.
    Mais ils tressaillirent effarés, sentant bien qu'on venait de marcher derrière eux ; et ayant tourné les yeux, ils aperçurent, debout contre leurs épaules, quatre hommes, quatre grands hommes armés et barbus, vêtus comme des domestiques en livrée et coiffés de casquettes plates, les tenant en joue au bout de leurs fusils.
    Les deux lignes s'échappèrent de leurs mains et se mirent à descendre la rivière.
    En quelques secondes, ils furent saisis, emportés, jetés dans une barque et passés dans l'île.
    Et derrière la maison qu'ils avaient crue abandonnée, ils aperçurent une vingtaine de soldats allemands.
    Une sorte de géant velu, qui fumait, à cheval sur une chaise, une grande pipe de porcelaine, leur demanda, en excellent français : "Eh bien, messieurs, avez-vous fait bonne pêche ?"
    Alors un soldat déposa aux pieds de l'officier le filet plein de poissons qu'il avait eu soin d'emporter. Le Prussien sourit : "Eh! eh! je vois que ça n'allait pas mal. Mais il s'agit d'autre chose. Ecoutez-moi et ne vous troublez pas.
    "Pour moi, vous êtes deux espions envoyés pour me guetter. Je vous prends et je vous fusille. Vous faisiez semblant de pêcher, afin de mieux dissimuler vos projets. Vous êtes tombés entre mes mains, tant pis pour vous ; c'est la guerre. Mais comme vous êtes sortis par les avant-postes, vous avez assurément un mot d'ordre pour rentrer. Donnez-moi ce mot d'ordre et je vous fais grâce."
    Les deux amis, livides, côte à côte, les mains agitées d'un léger tremblement nerveux, se taisaient.
    L'officier reprit : "Personne ne le saura jamais, vous rentrerez paisiblement. Le secret disparaîtra avec vous. Si vous refusez, c'est la mort, et tout de suite. Choisissez ?"
    Ils demeuraient immobiles sans ouvrir la bouche.
    Le Prussien, toujours calme, reprit en étendant la main vers la rivière : "Songez que dans cinq minutes vous serez au fond de cette eau. Dans cinq minutes ! Vous devez avoir des parents ?"
    Le Mont-Valérien tonnait toujours.
    Les deux pêcheurs restaient debout et silencieux. L'Allemand donna des ordres dans sa langue. Puis il changea sa chaise de place pour ne pas se trouver trop près des prisonniers ; et douze hommes vinrent se placer à vingt pas, le fusil au pied.
    L'officier reprit : "Je vous donne une minute, pas deux secondes de plus."
    Puis il se leva brusquement, s'approcha des deux Français, prit Morissot sous le bras, l'entraîna plus loin, lui dit à voix basse : "Vite, ce mot d'ordre ? Votre camarade ne saura rien, j'aurai l'air de m'attendrir."
    Morissot ne répondit rien.
    Le Prussien entraîna alors M. Sauvage et lui posa la même question.
    M. Sauvage ne répondit pas.
    Ils se retrouvèrent côte à côte.
    Et l'officier se mit à commander. Les soldats élevèrent leurs armes.
    Alors le regard de Morissot tomba par hasard sur le filet plein de goujons, resté dans l'herbe, à quelques pas de lui.
    Un rayon de soleil faisait briller le tas de poisson qui s'agitaient encore. Et une défaillance l'envahit. Malgré ses efforts, ses yeux s'emplirent de larmes.
    Il balbutia : "Adieu, monsieur Sauvage."
    M. Sauvage répondit : "Adieu, monsieur Morissot."
    Ils se serrèrent la main, secoués des pieds à la tête par d'invincibles tremblements.
    L'officier cria : "Feu !"
    Les douze coups n'en firent qu'un.
    M. Sauvage tomba d'un bloc sur le nez. Morissot, plus grand, oscilla, pivota et s'abattit en travers sur son camarade, le visage au ciel, tandis que des bouillons de sang s'échappaient de sa tunique crevée à la poitrine.
    L'Allemand donna de nouveaux ordres.
    Ses hommes se dispersèrent, puis revinrent avec des cordes et des pierres qu'ils attachèrent aux pieds des deux morts ; puis ils les portèrent sur la berge.
    Le Mont-Valérien ne cessait pas de gronder, coiffé maintenant d'une montagne de fumée.
    Deux soldats prirent Morissot par la tête et par les jambes ; deux autres saisirent M. Sauvage de la même façon. Les corps, un instant balancés avec force, furent lancés au loin, décrivirent une courbe, puis plongèrent, debout, dans le fleuve, les pierres entraînant les pieds d'abord.
    L'eau rejaillit, bouillonna, frissonna, puis se calma, tandis que de toutes petites vagues s'en venaient jusqu'aux rives. Un peu de sang flottait.
    L'officier, toujours serein, dit à mi-voix : "C'est le tour des poissons maintenant."
    Puis il revint vers la maison.
    Et soudain il aperçut le filet aux goujons dans l'herbe. Il le ramassa, l'examina, sourit, cria : "Wilhelm !"
    Un soldat accourut, en tablier blanc. Et le Prussien, lui jetant la pêche des deux fusillés, commanda : "Fais-moi frire tout de suite ces petits animaux-là pendant qu'ils sont encore vivants. Ce sera délicieux."
    Puis il se remit à fumer sa pipe.

Texte publié dans Gil Blas du 5 février 1883, sous la signature de Maufrigneuse, puis publié dans le recueil Mademoiselle Fifi.


Lundi 8 août 2011



Faut-il craindre un nouveau krach boursier?


 Par Julie de la Brosse / L'Express


De Tokyo à Wall Street, en passant par Francfort, Paris ou Londres, les Bourses mondiales ont été fortement secouées lundi par la dégradation de la note de crédit des Etats-Unis. Le spectre d'un nouveau krach boursier est dans tous les esprits.



En Asie, la Bourse de Shanghai a clôturé en baisse de 3,79% lundi 8 août.
REUTERS/Stringer

Pourquoi les Bourses dévissent ?
Au départ, c'est bien la crise de la dette grecque, puis européenne, qui a jeté le trouble sur les marchés. Même le plan de sauvetage européen du 21 juillet dernier n'est arrivé à restaurer que très succintement la confiance des investisseurs. Depuis, chaque jour, une mauvaise nouvelle a fait s'enfoncer un peu plus dans le rouge les Bourses mondiales. Fin juillet, les Etats-Unis annoncent une croissance faible pour le premier semestre (+1,3%) et chose inédite, une révision à la baisse de la croissance antérieure. Le ralentissement de l'activité industrielle, la baisse de la consommation, et les incertitudes sur la croissance mondiale ajoutent alors à l'incertitude ambiante. Dans le même temps, les craintes les plus vives se concentrent sur la crise de la dette américaine, pour laquelle le consensus semble impossible à trouver. Le 2 août, à quelques heures de la date butoir, démocrates et républicains finissent par s'entendre pour relever le plafond de la dette. Mais les marchés ne se sont pas satisfaits de cet accord a minima, aucune résolution sérieuse n'ayant été prise pour résorber le déficit. L'agence de notation S&P, qui réclamait qu'un accord soit trouvé pour 4000 milliards de dollars de réduction de dette finit donc par mettre sa terrible menace à exécution. Vendredi, elle baisse pour la première fois de son histoire la note de la dette américaine à AA+. Lesingrédients parfaits d'un cocktail explosif sont réunis: problématique de dette et croissance molle augmentent les craintes, qui finissent par s'autoalimenter. Du côté européen, où les Bourses ont déjà terriblement chuté du fait de la crise de la dette européenne, la peine est double, les marchés poursuivent leur dégringolade.
Les entreprises y sont-elles pour quelque chose?
Les entreprises ne sont pas complètement étrangères à cette baisse. Les résultats du deuxième trimestre ont en effet déçu les marchés, surtout en Europe, où les entreprises pâtissent des révisions à la baisse de la croissance des pays asiatiques. Certaines d'entre-elles sont même obligées de procéder à des avertissements sur résultats, après un 1er semestre pourtant jugé excellent. Aux Etats-Unis au contraire, les entreprises ont largement profité de la croissance soutenue de l'Amérique latine et des effets de change favorables. Ainsi, au deuxième trimestre, 71% des entreprises américaines ont publié des résultats supérieurs aux attentes, contre seulement 46% en Europe. Dans le détail, les plus maltraitées sur les marchés sont les valeurs industrielles, technologiques et de matières premières, c'est-à-dire les plus exposées à la croissance mondiale... Néanmoins, la santé des entreprises n'est pas aussi catastrophique qu'il n'y paraît, et n'a participé que faiblement au dévissage boursier estival. "Les sociétés du CAC 40 par exemple restent pour la plupart bénéficiaires. Ce qui choque d'avantage, c'est l'écart entre l'optimisme affiché il y a quelques mois et la morosité ambiante", explique Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC.
Peut-on parler de krach boursier?
La définition du krach boursier -baisse soudaine et précipitée de l'indice d'une ou plusieurs places mondiales- n'est pas d'une clarté absolue. Les économistes s'accordent à dire qu'il y a krach quand l'indice perd plus de 10% en une séance, et/ou 20% en quelques jours, ce qui n'est arrivé que deux fois au cours du XXème siècle, en 1929 et 1987. Même en 2008 au plus fort de la crise financière, nous n'avons pas assisté à un krach boursier, mais simplement à une très forte volatilité des cours. Cela ne signifie pas que la situation n'est pas inquiétante pour autant. En effet, depuis le dernier plus haut, le 22 juillet, plusieurs indices européens, à l'image du CAC 40, ont perdu plus de 15%. Par ailleurs, l'inquiétude des investisseurs porte davantage sur la baisse consécutive des cours que sur l'ampleur de cette baisse: depuis 10 jours maintenant les marchés chutent sans interruption, une première notamment pour le CAC 40. Cela signifie qu'en 15 jours, aucun indicateur économique, aucun rebond technique, n'a permis aux indices de souffler.
Jusqu'où cette baisse peut aller?
Cette journée de lundi est décisive. Tout le week-end, gouvernements et dirigeants des banques centrales mondiales se sont évertués à trouver des solutions pour éviter l'avènement d'un nouveau Lehman Brother. En France, Nicolas Sarkozy a multiplié les appels téléphoniques avec ses homologues européens, et notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel. Le ministres des Finances du G7 se sont également rencontrés dans la nuit de dimanche à lundi et se sont engagés à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance". Comprendre, les Banques centrales sont prêtes à injecter des liquidités sur les marchés en cas de panique. Quant à la BCE, elle s'est dite prête à racheter de la dette espagnole et italienne si les investisseurs la désertaient. Le résultat a été plutôt satisfaisant puisqu'à l'ouverture des Bourses européennes, le krach tant redouté n'a pas eu lieu. Mais au fur et à mesure de la journée, la situation s'est aggravée, les investisseurs gardant les yeux rivés sur Wall Street. A 17h30, le CAC a clôturé en chute de 4,68%, signant donc sa onzième baisse consécutive, mais évitant de justesse le krach boursier (Voir ici, les résultats des Bourses européennes). De l'autre côté de l'Atlantique, les marchés dévissent eux aussi. Vers 17h, le Nasdaq perdait 3,08%, et le Dow Jones 2,35%. Mais la journée est loin d'être terminée...


Mercredi 27 juillet 2011


Visitez la médiathèque de l'Alliance Française!


Horaires: Lundi: 14h-18h
                Mardi à Jeudi: 9h - 18h
                Vendredi et Samedi: 8h-13h

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Mardi 19 juillet 2011



ALZHEIMER. sept facteurs de risque à éviter pour prévenir la maladie


Publié le 19-07-11 à 11:45    Modifié à 13:06     par Le Nouvel Observateur avec AFP


L'inactivité physique et le tabagisme ainsi que d'autres facteurs contribueraient à un grand nombre de cas d'Alzheimer.

Une personne âgée souffrant d'Alzheimer dans le couloir d'une maison de retraite, le 18 mars 2011 à Angervilliers. (c) Afp

Sept facteurs de risque supposés de la maladie d'Alzheimer, la plupart liés au style de vie, contribueraient à près de la moitié des cas dans le monde, suggère une étude présentée mardi 19 juillet à Paris à l'occasion de la Conférence internationale de l'Association Alzheimer (AAIC).
Selon un modèle mathématique construit par les chercheurs de l'Université de Californie(San Francisco), une réduction de 25% de ces facteurs de risque modifiables pourrait prévenir plus de 3 millions de cas d'Alzheimer dans le monde. Pour une réduction de seulement 10%, le gain potentiel serait déjà d'un million de cas.
Pour arriver à cette conclusion, l'équipe de Deborah Barnes a estimé le nombre de cas actuellement attribuables à chaque facteur de risque supposé dans le monde. Arrive en tête lefaible niveau d'instruction (19%), l'activité intellectuelle semblant exercer un effet protecteur. Viennent ensuite le tabagisme (14%), l'inactivité physique (13%), la dépression (11%), l'hypertension (5%), l'obésité (2%), le diabète (2%).
Des suppositions à prouver
"Nous avons été surpris que des facteurs de style de vie tels que l'inactivité physique et le tabagisme puissent contribuer à un aussi grand nombre de cas de maladie d'Alzheimer que les maladies cardiovasculaires dans notre modèle", a déclaré Deborah Barnes.
Les chercheurs soulignent cependant que ces estimations reposent sur des suppositions importantes qui n'ont pas été prouvées : qu'il existe une relation de cause à effet entre les facteurs de risque examinés et la maladie d'Alzheimer et que le fait de les modifier diminuera le risque de développer la maladie.
Des observations antérieures avaient identifié un certain nombre de facteurs de risque modifiables, notamment les maladies cardiovasculaires et leurs propres facteurs de risque (hypertension...), le niveau d'activité physique et de stimulation mentale, ainsi que le régime alimentaire. Mais il n'est pas démontré que le fait de modifier ces facteurs de risque pourrait diminuer le nombre de cas de la maladie d'Alzheimer.
Prochaine étude à grande échelle
La prochaine étape consiste à réaliser des études à grande échelle pour savoir si le fait de modifier ces facteurs de risque peut effectivement diminuer le risque de développer la maladie, ont précisé les chercheurs.
Leurs résultats sont publiés en ligne dans la revue Lancet Neurology.
"La maladie d'Azheimer est une urgence mondiale et nous devons accélérer la découverte de méthodes visant à la dépister et à la prévenir dès maintenant", a déclaré le Docteur William Thies, responsable scientifique de l'Association américaine Alzheimer, cité dans un communiqué de l'AAIC.
Le nombre de malades d'Alzheimer et des démences apparentées devrait doubler en 20 ans dans le monde, passant de 35,6 millions aujourd'hui à 65,7 millions en 2030, selon des estimations de l'association Alzheimer's Disease International.
Le Nouvel Observateur - AFP

Vendredi 8 juillet 2011



Tisser le multiculturalisme au Guatémala: Etat, société civile et costume traditionnel dans les droits culturels des Peuples indiens




Le vêtement indien au Guatémala représente plus qu'un simple costume autochtone. Derrière les motifs, les coloris et les thèmes de l'habit traditionnel, se cache une gamme de relations sociopolitiques entre les sphères publiques, dont l'Etat, et privée, la société civile organisée et l'interindividualité. C'est à travers de cet “objet politique non identifié” que l'auteur propose de comprendre la nouvelle configuration d'un régime en transition politique vers la démocratie. Le “multiculturalisme constitutionnel” et les “politiques de la reconnaissance” ne suffisent pas toujours pour atteindre une société démocratique dans un Etat où les droits spécifiques des Peuples indiens n'existent que formellement. D'autres acteurs de l'espace public, en particulier le tiers-secteur, prennent des initiatives pour proposer et mettre en place des projets publics reconnaissant la diversité ethnoculturelle. Dans un contexte historique et structurel fortement discriminatoire et raciste, c'est plutôt dans la sphère du privé que des projets politiques multiculturaliste essayent de se construire, “par le bas”, afin de promouvoir une société interculturelle cohabitant dans la diversité...


Ana-Isabel Braconnier De León, Française et Guatémaltèque, cherche à élucider les problématiques ethnoculturelles du Guatémala. Avec un master en Recherche en Politique Comparée à l'IEP Paris, elle trouve, à travers le multiculturalisme, une façon d'aborder les enjeux socio-identitaires.


Jeudi 30 juin 2011



Otages français en Afghanistan : enfin libres !

Les Clés de l'Actualité Junior

Les deux journalistes, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, retenus en otages en Afghanistan depuis  547 jours, ont été libérés. Ils devaient retrouver leurs familles cet après-midi. 1jour1actu revient sur leur métier de journaliste et t’explique pourquoi ils se trouvaient dans ce pays en guerre.

Les deux journalistes français, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés mercredi 29 juin après 18 mois de captivité en Afghanistan, ont exprimé leur joie et leur soulagement jeudi peu après leur arrivée à l'aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris. (©AFP PHOTO / BERTRAND GUAY)
Les deux journalistes français, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés mercredi 29 juin après 18 mois de captivité en Afghanistan, ont exprimé leur joie et leur soulagement jeudi peu après leur arrivée à l'aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris. (©AFP PHOTO / BERTRAND GUAY)

L’@ctu du jour :

« Ils sont libres et en bonne santé ! », ce sont les mots du président de la République qui annonçait la bonne nouvelle à la compagne d’Hervé Ghesquière, l’un des deux otages français détenus  par les talibans*, en Afghanistan.
Alors qu’ils réalisaient un reportage dans ce pays pour le magazine « Pièces à conviction » de France 3, le cameraman Stéphane Taponier et le reporter Hervé Ghesquière ont été enlevés, il y a un an et demi, le 30 décembre 2009, dans une province afghane par un groupe de talibans*.

En quoi consiste leur métier ?

Le métier de journaliste reporter d’images (JRI) consiste à enquêter pour informer de ce qui se passe dans un pays en guerre, par exemple. Les JRI sont envoyés par leur journal ou leur chaîne de télévision sur le terrain pour effectuer un reportage. Le but étant de rapporter et de montrer,  à travers des images et des témoignages, ce qui se passe réellement dans le pays. Les risques qu’ils prennent parfois pour  filmer et rencontrer certaines personnes font partie de leur travail. Ils mènent en quelques sortes une enquête.
Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière accomplissaient leur métier lorsqu’ils ont été enlevés par les talibans*. Ils enquêtaient sur les militaires français engagés enAfghanistan. Car depuis 2001, l’État français mais aussi d’autres pays (États-Unis ou l’Italie), ont envoyé des militaires pour lutter contre les talibans*.

Dans quelles conditions ont-ils vécu leur détention ?

Ils étaient séparés et vivaient dans une toute petite pièce noire, sans fenêtre. Ils étaient enfermés 24 heures sur 24. Les seules sorties autorisées étaient le matin et le soir pour se rendre aux toilettes. La nourriture était sommaire et  un poste de radio était le seul contact avec le monde extérieur.

Pourquoi ont-ils été libérés ?

On ne connaît pas encore  ce qui a permis leur libération. Certains parlent d’une rançon, une somme d’argent versée à leurs ravisseurs. D’autres disent que leur liberté est liée auretrait des troupes françaises en Afghanistan. En effet, il y a une semaine, l’État français a annoncé le retour progressif des soldats français présents dans ce pays. Ce retrait était une des exigences de leurs ravisseurs pour les libérer.
Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière devraient retrouver, cet après-midi, leurs familles et leurs proches. Dans une interview donnée ce matin, ils rappelaient qu’il y avait encore d’autres otages dans le monde et qu’il ne fallait surtout pas les oublier.



Samedi 18 juin 2011


"Le Monde Magazine" : Mayas, autodestruction d'une civilisation
LE MONDE MAGAZINE | 17.06.11 | 17h49  •  Mis à jour le 18.06.11 | 15h33
Tikal, une des plus grandes cités mayas de la période classique. 
Des pyramides gigantesques perdues dans la forêt pluviale ; des temples oubliés envahis par la végétation ; d'imposants blocs de calcaire renversés par les racines d'arbres centenaires. Les images d'Epinal de cités majestueuses reprises par la jungle et la nature sauvage en ont fait l'une des plus captivantes énigmes archéologiques. Pourquoi, vers 850 de notre ère, la civilisation maya classique a-t-elle sombré ? A quelle catastrophe ou quel enchaînement d'événements peut bien tenir ce qui nous semble la fin d'un monde ? En quelques décennies, les dynasties s'éteignent, des centaines de cités-Etats se vident de leur population, des régions habitées pendant un millénaire voient leurs habitants partir pour ne plus revenir. Le pourquoi et le comment de cet effondrement seront au cœur d'un colloque international organisé au Musée du quai Branly les 1er et 2 juillet, dans la foulée de l'exposition "Mayas, de l'aube au crépuscule".
Il faudra cependant plus d'un colloque pour trancher ces questions. Elles hantent les chercheurs depuis presque un siècle, sans qu'aucun consensus ne se dégage. Bien sûr, certaines théories n'ont plus guère de partisans : épidémies fulgurantes,"invasions barbares", tremblements de terre en série… Toutes les causes simples et exogènes sont désormais écartées de manière quasi certaine. Reste une combinaison de facteurs régulièrement invoqués : sécheresses en cascade, remise en cause du statut des rois, récurrence de conflits meurtriers entre les principales cités-Etats qui se partagent, via de complexes systèmes d'allégeance, la grande région centrée sur l'actuel Guatemala.
Chaque cité semble avoir vécu une agonie particulière. Ici, la guerre a été prépondérante. Là, une forte baisse des rendements agricoles a peut-être primé. Ailleurs encore, le détournement de voies commerciales a pu avoir son importance… "Mais le problème, à se dire qu'un grand nombre de facteurs régionaux ont ainsi été impliqués, c'est que nous avons quand même bien affaire à un effondrement généralisé, rappelle Dominique Michelet (CNRS, université Paris-I), qui a dirigé pendant une décennie les fouilles de Rio Bec, au Mexique. Toutes les cités-Etats des basses terres s'effondrent dans un laps de temps assez court. Il faut tenir compte du caractère global de ce phénomène." Manquerait donc au moins une pièce au puzzle.
Pour Richard Hansen (université de l'Idaho), "un effondrement est toujours causé par plusieurs facteurs". "Mais la particularité d'un tel effondrement est que la population, une fois qu'elle a quitté les centres urbains, n'y revient pas, ajoute l'archéologue américain. Cette absence de toute réinstallation ne peut être le fait que d'une dégradation de l'environnement : les gens ne reviennent pas simplement parce qu'ils ne le peuvent pas. Aujourd'hui, si personne ne retourne vivre à Tchernobyl, c'est parce que l'environnement ne le permet pas."
 DES INDICES SAISISSANTS
Comment une ville se vide-t-elle ? Les fouilles franco-guatémaltèques menées depuis deux ans sur le site de Naachtun, dans l'extrême nord du Guatemala, commencent à donner quelques indices saisissants. Et assez contre-intuitifs. Dans la phase la plus tardive de l'occupation de la ville, entre 800 et 950 de notre ère, certaines populations, sans doute des familles nobles, se regroupent dans le centre de la cité, dans des habitations construites autour de plusieurs patios.
Un édifice de prestige – une pyramide quasi verticale d'une quinzaine de mètres de hauteur – surplombe ce complexe. Or, en la dégageant, les archéologues réalisent qu'elle n'est pas fonctionnelle : il y manque l'escalier qui doit permettre de monter au sommet, sur la plate-forme. Manque, également, le temple sommital. "Le bloc maçonné sur lequel devait s'appuyer l'escalier est bien là, mais la pose des marches n'a pas eu lieu", dit Dominique Michelet, qui a fouillé le secteur. Mieux : en dégageant la base de l'édifice, les chercheurs découvrent au pied de l'escalier inachevé, raconte Philippe Nondédéo (CNRS, université Paris-I), le directeur de la mission, "une jarre miniature en céramique, remplie de perles de coquillages spondyles". Cette manière de placer un objet de valeur au pied d'un édifice sur le point d'être abandonné relève d'un rituel bien connu des spécialistes : c'est une"offrande d'abandon", déposée dans le cadre d'un rituel, sorte d'ultime offrande au monument qui entre en déshérence. Non seulement le chantier de la pyramide n'a pas été mené à son terme, mais ses commanditaires en ont pris acte en l'abandonnant rituellement, selon la coutume.
"Cela signifie deux choses, explique Philippe Nondédéo. D'une part, les habitants n'ont pas quitté la cité dans la précipitation ou la panique : dans l'un des palais de la ville, nous avons aussi découvert de grands encensoirs, brisés dans le cadre d'un autre de ces rites d'abandon. D'autre part, au moment où ils semblent quitter les lieux, ils ont encore accès à des biens de grande valeur." Les presque cinq cents perles "offertes" à la pyramide inachevée proviennent en effet de la côte Pacifique, à quelque 500 kilomètres de là.
Ce n'est pas le seul élément indiquant la prospérité de la cité jusque tard dans son histoire. "On a également trouvé de l'obsidienne de Zaragoza et d'Otumba, gisements situés à plus de 1 200 kilomètres de Naachtun à vol d'oiseau !", ajoute Dominique Michelet. Des aiguillons de raie – utilisés dans les rituels d'autosacrifice, au cours desquels des nobles faisaient couler leur sang en se perçant la langue ou le pénis –, des céramiques importées, du jade, des meules en granit du Belize… Même à son crépuscule, Naachtun continuait de disposer de toutes sortes de biens précieux.
FUITES EN MASSE
A l'image de Naachtun, certaines villes semblent avoir été abandonnées en bon ordre. On part en ne laissant que peu de choses derrière soi. Ce n'est pas le cas partout ailleurs. Plus au sud, des régions semblent en proie au chaos qui suit de près les conflits armés. Dès le milieu du VIIIe siècle de notre ère, avant que ne s'effondre le reste de la région, les cités d'Aguateca, Dos Pilas et Cancuén sont ravagées par la guerre. Leurs populations fuient en masse.
"A Dos Pilas, la population démantela elle-même une grande partie de ses propres temples et palais dans une tentative désespérée d'ériger des barricades de pierre, mais en vain, car la cité fut détruite, écrit Arthur Demarest (université Vanderbilt), dans sa contribution au colloque. Non loin, le centre d'Aguateca se dressait sur un escarpement quasi imprenable, bordé, d'un côté, de falaises et d'un abîme, et, de l'autre, de kilomètres de murailles. Cette cité résista plus longtemps, mais finit par être prise et brûlée vers l'an 800." "Plus au sud, sur les rives du fleuve de la Pasión, le riche port de commerce de Cancuén, florissant entre 750 et 800, fut à son tour détruit, ajoute l'anthropologue américain. Son roi, la reine et plus de trente nobles furent assassinés dans un grand rituel à l'issue duquel leurs corps, revêtus de leurs plus beaux atours, furent déposés dans une citerne sacrée."
Entre Naachtun et Dos Pilas, Aguateca ou Cancuén, il semble n'y avoir rien de commun. D'un côté, une population riche qui certes se rétracte dans le centre de la ville, mais qui continue à jouir d'un certain luxe et semble quitter les lieux sans précipitation. De l'autre, la guerre, la mort, le chaos. A Naachtun, les hommes abandonnent la ville relativement progressivement ; ailleurs, les populations paraissent parfois s'être évanouies avec une incroyable rapidité. "Des études de densité de l'habitat ont suggéré qu'à partir de 830 environ, Tikal [l'une des plus grandes cités des basses terres] perd 90 % de sa population en moins de deux générations", illustre Charlotte Arnauld (CNRS, université Paris-I). Comment imaginer une cause sous-jacente, commune à des situations si radicalement différentes ?
Peut-être, pour comprendre la chute des Mayas classiques, faut-il remonter le temps de quelques siècles. Et analyser une autre crise, bien plus ancienne, celle de 150 après J.-C.. Car l'effondrement de la civilisation maya classique, vers l'an 850, n'est pour certains spécialistes rien de plus que la répétition d'un autre effondrement : celui de la période maya dite préclassique, commencée en 1000 avant J.-C.. Ainsi, lorsque Naachtun est désertée vers 950, d'autres cités alentour sont déjà abandonnées depuis huit siècles. Déjà ruinées et déjà partiellement recouvertes par la forêt. La crise des années 150 demeure toutefois localisée : elle est limitée à la région d'El Mirador, du nom du plus grand centre urbain de cette zone de l'extrême nord guatémaltèque, toute proche de Naachtun.
Qu'apprend-on de cet effondrement antérieur, celui des Mayas préclassiques ? D'abord que l'histoire des sociétés humaines n'est pas celle d'une croissance constante, d'une amélioration continue des réalisations techniques. Dans le monde maya, rien n'égalera en taille les monuments d'El Mirador, rien ne surpassera le gigantisme de son architecture. La pyramide dite La Danta, la plus grande du site, culmine à plus de 70 mètres. Elle excède en volume la grande pyramide égyptienne de Gizeh et compte au nombre des plus vastes édifices jamais érigés. Dans la région d'El Mirador, au cours de la période préclassique, tout semble avoir été construit à l'aune de cette démesure. Déjà, les grandes villes de la région – El Mirador, mais aussi El Tintal, Nakbe, Wakna – étaient connectées par "un réseau de chaussées pavées larges d'une vingtaine de mètres, surélevées de 4 à 5 mètres et qui pouvaient raccorder des centres distants d'une vingtaine de kilomètres", dit Philippe Nondédéo. A son apogée, El Mirador a pu compter des dizaines de milliers d'habitants.
STUC DESTRUCTEUR
Au milieu du IIe siècle, ceux-ci quittent les lieux en masse. Et n'y reviendront que très partiellement, après de longs siècles. Pourquoi ? "Je ne crois pas que la guerre puisse pousser les populations à partir et à ne jamais revenir : la guerre peut susciter un abandon momentané, pas un effondrement, estime Richard Hansen, qui fouille El Mirador depuis les années 1980. Pendant la seconde guerre mondiale, Dresde, Tokyo ont été bombardées, Hiroshima et Nagasaki ont chacune reçu une bombe atomique… Or toutes ces villes sont aujourd'hui assez bien peuplées !" Pour l'archéologue américain, il faut chercher ailleurs les causes de l'effondrement des Mayas préclassiques. "Il faut bien comprendre que ce qui a permis l'extraordinaire succès des Mayas, c'est leur système agricole, ajoute M. Hansen. Dans la région d'El Mirador, ils utilisaient la boue des marécages sur de grandes cultures en terrasse : ils pouvaient ainsi cultiver la même terre pendant des centaines d'années sans l'épuiser."
Selon l'archéologue américain, quelque chose est donc venu perturber cet astucieux système. Les fouilles montrent que les boues de matières organiques utilisées comme fertilisants sont aujourd'hui parfois ensevelies sous un à deux mètres d'argiles. De tels enfouissements des sols n'ont pu être provoqués que par l'érosion due à une déforestation massive. "Je pense que ce qui a suscité cette déforestation n'est pas l'agriculture, mais plutôt la production de stuc." Tout au long de la période préclassique, à mesure que les siècles passent, les parements de stuc qui recouvrent les murs des monuments, des maisons, voire le pavement des chaussées, s'épaississent. Les signes ostentatoires de richesse et de pouvoir de la classe dirigeante se paient en stuc. Donc en arbres. Car cet enduit, qui permet de recouvrir les maçonneries grossières, s'obtient au prix d'un long chauffage du calcaire, très coûteux en bois.
Ce défrichage de grande ampleur aurait donc endommagé quasi irréversiblement l'environnement de la région, ruinant ainsi le système agricole qui assurait aux populations leur prospérité. Bien que localisé, cet effondrement des Mayas préclassiques préfigure-t-il celui intervenu sept siècles plus tard sur l'ensemble des basses terres ? De troublantes analogies existent. Comme sur le site de Copan, sur le territoire actuel du Honduras, où l'archéologue David Webster a montré que, dès le viiie siècle, les glissements de terrain dus à la déforestation ont peu à peu oblitéré les capacités de production des paysans aux abords de la cité. "C'est une situation que l'on ne retrouve pas forcément ailleurs et il ne faut donc pas généraliser", tempère Charlotte Arnauld. Mais, malicieusement, cette dernière fait remarquer que les derniers grands monuments de la période classique, érigés peu avant l'effondrement, sont constitués de petits blocs de calcaire, plus petits et bien mieux taillés que ceux utilisés dans les siècles précédents et bien plus soigneusement ajustés les uns aux autres.
"Peut-être précisément pour économiser le stuc", avance-t-elle. Et donc pour économiser le bois, signe qu'il commençait sérieusement à se faire rare… La déforestation massive pratiquée au cours de la période classique a sans doute eu d'autres répercussions. Sur les pluies : les climatologues savent aujourd'hui que l'absence de végétation peut entraver les précipitations. Des analyses de carottes sédimentaires ont montré qu'entre 760 et 910, quatre vagues de sécheresse de trois à neuf ans chacune ont frappé de vastes zones de l'aire maya. Or dans un système politico-religieux où le roi est le garant de la clémence des éléments, ces calamités à répétition ont peut-être déstabilisé les élites et engendré des troubles politiques.
FIN D'UN SYSTÈME
Des troubles dont l'une des plus saisissantes illustrations est une découverte faite par l'équipe dirigée par Charlotte Arnauld au début des années 2000, sur le site de La Joyanca, dans le nord-ouest du Guatemala. L'un des bâtiments, tout en longueur – plus de 50 mètres –, est juché au sommet d'un escalier qui conduit à une grande pièce. Sans doute s'agit-il d'une salle d'audience pourvue d'une banquette, située au milieu – de toute évidence celle du roi. Bâtiment politique par excellence, ce long édifice a connu des cloisonnements internes pendant son occupation (entre 750 et 850), jusqu'à comporter six pièces au milieu desquelles le souverain perd sa singularité. Donc sans doute une partie de son pouvoir. Lorsqu'ils dégagent l'édifice, les archéologues trouvent, dans la pièce centrale du roi, le squelette d'un homme, ou d'une femme, jeté là sans ménagement ni sépulture, vraisemblablement à dessein, avant que la banquette royale ne soit enlevée et le toit du bâtiment volontairement abattu…
S'agit-il du souverain ? Pourquoi aurait-il été tué ? "On ne le saura jamais, admet Charlotte Arnauld. Mais cela n'ôte rien à la violence des actes qui se sont déroulés là, dans une enceinte dévolue au roi." La fin de la période classique est aussi la fin d'un système de royauté sacrée. Au nord des basses terres centrales désertées, dans la péninsule du Yucatan où les Mayas feront revivre de grandes cités dès le XIe siècle, une nouvelle forme de gouvernance apparaît. Un système pour lequel un mot maya existe, multepal : "gouverner ensemble".
·         A voir "Maya de l'aube au crépuscule". Musée du quai Branly, 37, quai Branly, Paris-7e. Tél. : 01-56-61-70-00. Du 21 juin au 2 octobre 2011. Colloque "Sociétés mayas millénaires : crises du passé et résilience", au Musée du quai Branly. Les 1er et 2 juillet. Entrée libre dans la limite des places disponibles.



Lundi 14 juin 2011


La Journée de solidarité continue de faire débat

LEMONDE.FR avec AFP | 13.06.11 | 11h33  •  Mis à jour le 13.06.11 | 13h39
Selon des chiffres du ministère des solidarités, cette journée de travail "offerte" a permis d'engranger 2,24 milliards d'euros en 2010.
Selon des chiffres du ministère des solidarités, cette journée de travail "offerte" a permis d'engranger 2,24 milliards d'euros en 2010.AFP/JEAN-LOUP GAUTREAU

Chaque année, c'est la même rengaine : la polémique renaît pour critiquer le principe et l'utilisation des fonds de la journée de solidarité, fixée au lundi de Pentecôte, qui vise à financer la prise en charge des personnes âgées et des handicapés.
Créée en 2004, au lendemain de la canicule de 2003, cette journée a eu du mal à s'imposer. Depuis 2008, face à la grogne, le gouvernement de François Fillon a refait du lundi de Pentecôte un jour férié. Ce sont désormais les employeurs et les syndicats qui doivent s'organiser pour appliquer cette journée. Une mise en place"à la carte". Résultat, ce lundi 13 juin, certains salariés travailleront et d'autres non.
2,24 MILLIARDS D'EUROS
Selon les chiffres du ministère des solidarités, cette journée de travail "offerte" a permis d'engranger 2,24 milliards d'euros en 2010 et devrait rapporter 2,31 milliards cette année. Ces sommes doivent financer les dispositifs de lutte contre la dépendance, de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) aux maisons de retraites. Sur les sommes récoltées l'an dernier, le ministère annonce avoir reversé 1,34 milliard aux personnes âgées et 865 millions aux handicapés.
L'opposition conteste ces chiffres, estimant que ces ressources sont "siphonnées"par l'assurance-maladie. Quant à l'Association des directeurs au service des personnes âgées, l'AD-PA, qui réunit des directeurs de maisons de retraite et de services à domicile, elle dénonce l'usage des fonds par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). Selon l'association, "378 millions de crédits du jour férié n'iront encore pas à l'aide aux personnes âgées en 2011 et seront de nouveau captés par l'assurance-maladie".
La CNSA reverse des excédents à l'assurance-maladie (100 millions en 2010) mais ils ne proviennent pas de la journée de solidarité, rétorque-t-on au ministère des solidarités. Et d'ajouter que l'intégralité des fonds est allouée aux personnes âgées et handicapées. Ainsi, détaille la CNSA, 450 millions ont été versés en 2010 aux conseils généraux pour financer l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et près de 900 millions aux établissements et services, le reste allant au secteur handicap.
"SYSTÈME INIQUE"
Du côté des syndicats, les critiques sont aussi de mise. La CFTC a dénoncé "ce système inique qui consiste à imposer aux salariés de travailler sans contrepartie de rémunération". L'UNSA a, pour sa part, regretté que l'effort porte "uniquement sur les salariés".
En mai, la Cour de cassation a renvoyé au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité sur la journée, à la suite d'une procédure lancée par un salarié. Thierry Jeanne, cariste dans une filiale du groupe Carrefour à Cholet, avait ainsi refusé de travailler le jour de la Pentecôte, au nom de l'égalité devant l'impôt. Ce syndicaliste CFDT estime en effet qu'il n'a pas à voir son salaire ponctionné de 60 euros alors que certains contribuables sont épargnés.
Malgré ces polémiques, plusieurs parlementaires ont suggéré de créer une deuxième journée pour faire face aux futures dépenses de dépendance. Mais l'hypothèse ne semble pas emporter l'enthousiasme du gouvernement, peut-être échaudé par les polémiques.
En tout état de cause, les choix sur le financement de la dépendance doivent être arbitrés par le président de la République en juillet, après que les groupes de travail ministériels auront rendu leurs conclusions, attendues pour le 21 juin.

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